Taux d'intérêt : le sommet est en vue

Taux d'intérêt : le sommet est en vue

Counterpoint - Mai 2023
Les États-Unis ralentissent, la Chine et l'Asie rebondissent et l'Europe est dans une situation intermédiaire. Nous anticipons un ralentissement progressif de la croissance et de l'inflation à échelle mondiale. Ceci laisse entrevoir la fin du processus de relèvement des taux d'intérêt par les banques centrales des pays développés.

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Un pronostic plus ou moins en passe de se vérifier
En janvier, j'avais évoqué le fait qu'un cycle allait s'achever pour laisser place à un autre au printemps. Ce nouveau cycle devait être caractérisé par trois facteurs : un taux d'inflation marquant un pic, un changement de cap de la part des banques centrales et une reprise de l'économie chinoise. En dépit de quelques surprises sur les marchés, cette prévision semble plus ou moins en passe de se vérifier.

Après un hiver qui a semblé interminable (du moins au Royaume-Uni), le printemps est là, même si la pluie qui tapote actuellement contre ma fenêtre n'en donne guère l'impression. Cette période est généralement idéale pour faire le point, procéder à un petit nettoyage de printemps et réexaminer les projets de l'année dans une optique plus positive. Si l'on fait le bilan des premiers mois de l'année, il est clair que la période a été chargée et plutôt volatile. Après une année 2022 épouvantable, les marchés se sont fortement redressés en début d'année et le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a annoncé que les États-Unis entraient désormais dans une phase de modération de l'inflation. Contrastant avec le temps maussade, l'humeur du marché était au beau fixe. 

Cette embellie a cependant été de courte durée. La publication de certaines données économiques aussi vigoureuses qu'inattendues laisse entrevoir des perspectives moins réjouissantes : une inflation et des taux d'intérêt élevés susceptibles de persister plus longtemps que prévu. L'effondrement de la Silicon Valley Bank et de Crédit Suisse est venu compléter ce tableau, créant un environnement passablement volatile. 

Les actions et les obligations ont néanmoins enregistré des performances positives depuis le début de l'année, et notre prévision concernant l'arrivée des trois facteurs au printemps est en passe de se réaliser : le redressement de la Chine est déjà amorcé ; l'inflation, bien que plus tenace que prévu, montre des signes de relâchement, ce qui devrait inciter les banques centrales à interrompre d'ici peu leur cycle de resserrement de politique monétaire. Selon nous, la Réserve Fédérale a procédé à sa dernière hausse des taux directeurs en mai, marquant la hausse finale dans ce cycle de resserment. La Banque d'Angleterre procédera à une nouvelle hausse (éventuellement deux) avant de marquer une pause pour le reste de l'année. La Banque Centrale Européenne est susceptible de continuer à relever ses taux un peu plus longtemps, mais elle devrait elle aussi finir par mettre un terme à son cycle de resserrement. 

Dans ce contexte, le nettoyage de printemps des portefeuilles peut se résumer à un simple dépoussiérage. Nous continuons de penser que les obligations de grande qualité sont attrayantes, les obligations à courte échéance offrant des performances solides pour une prise de risque limitée. Nous continuons de penser également que le rebond des actions de la zone euro est excessif et que les actions des marchés émergents, notamment celles de la région Asie-Pacifique, sont attrayantes compte tenu des perspectives de croissance observées dans la région, sous l'impulsion de la Chine. Et nous continuons à miser sur une diversification attrayante des portefeuilles au moyen de titres américains à dividendes élevés et à faible volatilité. Les changements que nous avons apportés cette année ont consisté en des ajustements tactiques plutôt qu'en une refonte complète des portefeuilles, ce qui s'est traduit par des performances positives.


Daniele Antonucci, Chief Economist & Macro Strategist


Graphique à la une
Durcissement des conditions de prêt
Les banques centrales des pays développés ont relevé leurs taux d'intérêt rapidement et de façon marquée depuis 2022. Bien que le pic de taux soit désormais en vue, l'impact du resserrement des politiques monétaires se fait de plus en plus sentir sur le crédit.


La croissance des prêts tend à ralentir en période de récession et, bien que les craintes d'une crise bancaire se soient dissipées, les banques risquent de se montrer plus prudentes dans leurs activités de prêt. La contraction du crédit héritée des tensions bancaires contribue à stimuler le resserrement des politiques monétaires. Le ralentissement de la croissance des prêts est déjà amorcé et risque de peser sur la croissance économique.

Source : recherche interne, Refinitiv ; Remarque : les conditions de crédit aux États-Unis et dans l'UE ont été harmonisées en un seul indicateur ; les zones grisées correspondent à une phase de récession.

Gros plan sur l'investissement
Le resserrement des politiques monétaires se fait sentir
Les effets de la hausse rapide des taux d'intérêt se font désormais sentir et l'inflation commence à reculer, mais le spectre d'une récession se profile à l'horizon.

L'actualité

Les économies occidentales ralentissent à des rythmes différents. Une récession (sans doute) limitée est probable aux États-Unis et au Royaume-Uni. Grâce à un hiver plus doux et à la baisse des prix du gaz naturel, la zone euro a mieux résisté. La réouverture de la Chine joue aussi son rôle, mais la zone euro reste exposée au ralentissement de la croissance américaine et britannique. 

Malgré les craintes de récession, la confiance des consommateurs se stabilise aux États-Unis et dans la zone euro, tout en poursuivant son redressement au Royaume-Uni par rapport aux faibles niveaux atteints précédemment. Les indices des directeurs d'achat (PMI) continuent d'augmenter de manière expansionniste sous l'impulsion des services. Bien que l'inflation sous-jacente dans le secteur des services reste vive, les pressions sur les prix s'atténuent et les indicateurs laissent présager une modération à venir, même si ce ralentissement est inégal parmi les différents biens et services. 

Après avoir relevé leurs taux d'intérêt de plusieurs centaines de points de base au cours de l'année écoulée, les banques centrales des marchés développés sont, selon nous, sur le point de marquer une pause. La hausse des taux de la Réserve Fédérale américaine (Fed) en mai fut probablement la dernière de l’annee (avec certains risques). La Banque d'Angleterre (BoE), suivies par la Banque Centrale Européenne (BCE) feront de même. Contrairement aux attentes du marché, nous pensons que les taux d'intérêt seront probablement maintenus en territoire restrictif jusqu'à fin 2023. 

À la différence de l'Occident, la banque centrale chinoise et un nombre croissant de banques centrales asiatiques se focalisent sur la croissance, l'inflation n'étant pas un motif de préoccupation. La réouverture de l'économie chinoise s'accélère et la région Asie-Pacifique devrait en bénéficier en raison de l'interconnexion des chaînes d'approvisionnement avec la Chine continentale.


À quoi sommes-nous attentifs ?

Après un exercice 2022 catastrophique, les titres des actions dits de croissance (Growth) ont connu une année faste, surperformant largement les titres de valeur (Value). D'un point de vue tactique, nous restons neutres vis-à-vis des titres Value par rapport aux titres Growth. D'une part, la baisse des taux tend à soutenir les titres de croissance, ce qui constitue un vent porteur potentiel dans la mesure où nous pensons que les taux atteindront un sommet au deuxième trimestre, en particulier aux États-Unis. Mais à l'inverse, les secteurs des titres Value sont susceptibles de rester performants si les taux augmentent et si la croissance économique continue de résister (comme en 2022). Quoi qu'il en soit, les styles Value et Growth présentent tous deux des risques. En ce qui concerne les titres Growth, des révisions à la baisse des bénéfices plus marquées sont possibles sous l'effet de secteurs comme la technologie, qui sont plus sensibles au ralentissement des dépenses de consommation que nous anticipons. En revanche, les titres Value ont tendance à être plus cycliques. Alors que se profile un contexte de récession, les perspectives pour les titres « purement » Value au cours des 6 à 12 prochains mois risquent d'être plus incertaines. 

Actuellement, notre attitude est positive à l'égard des actions de grande qualité productrices de dividendes. Ces titres offrent une valeur plus défensive que cyclique. Ils sont attrayants dans un contexte de récession car ils sont moins exposés au risque de baisse des taux d’intérêts (contrairement aux bénéfices). En particulier, les dividendes de grande qualité qui n'ont pas été revus à la baisse depuis longtemps devraient bénéficier d'une prime et rester attrayants par rapport aux titres « purement » Value. 

Dans un contexte où les économies ralentissent et progressent à des rythmes différents, nous tablons sur une reprise modérée de la croissance mondiale cette année à partir de niveaux proches de la récession.
Portefeuille
Maintien du choix en faveur des obligations occidentales et des actions orientales
Nous avons conservé notre exposition accrue aux obligations d'État et notre préférence pour les actions de la région Asie-Pacifique, tout en procédant à des prises de bénéfices dans les secteurs de croissance surperformants.

Les épisodes de regain d'appétit et d'aversion pour le risque se succèdent fréquemment. C'est pourquoi nous maintenons un positionnement prudent à moyen terme dans nos portefeuilles. Cela ne signifie pas que nous renonçons à toute prise de risque. Nous adoptons une position mesurée qui vise à atténuer l'impact des mouvements de marché défavorables tout en maintenant des positions de risque basées sur de solides fondamentaux qui bénéficient des phases de reprise. Cela se traduit par une allocation plus faible, mais sélective, aux actions et au crédit à haut rendement, associée à une augmentation de l'exposition aux titres obligataires de grande qualité. En conséquence, nos allocations à long terme ont jusqu'à présent enregistré des performances positives en 2023, les actions et les obligations s'étant redressées simultanément.

Dans un contexte de ralentissement de la croissance, de modération de l'inflation et de plafonnement des taux d'intérêt, nous pouvons obtenir des rendements attrayants par le biais d'obligations d'État de qualité des marchés développés, tout en limitant le risque de crédit. Nous avons récemment acheté des obligations d'État à courte échéance afin d'atténuer la sensibilité des portefeuilles à l'évolution des taux d'intérêt. Compte tenu du durcissement potentiel des conditions de crédit, le risque d'incidents de crédit pour les émetteurs de qualité inférieure est plus élevé. Par conséquent, nous continuons à privilégier les obligations de qualité supérieure présentant des valorisations attrayantes, comme les obligations Investment Grade européennes et britanniques.

En cette période de ralentissement de la croissance sur les marchés développés, les perspectives économiques de l'Asie nous séduisent. La réouverture éclair de la Chine, associée à une politique de soutien plus marquée, a suscité une dynamique positive quant aux attentes en matière de bénéfices dans la région Asie-Pacifique. Ce phénomène, conjugué à des niveaux de valorisation initiaux peu élevés, laisse entrevoir une revalorisation plus soutenue des actions, justifiant ainsi notre surpondération des actions de la région Asie-Pacifique. 

Bien que les actions de la zone euro continuent de se redresser, la forte reprise des six derniers mois ne se traduit pas par des valorisations attrayantes, d'autant plus que cette surperformance est, selon nous, davantage liée à une dynamique de surprises macroéconomiques positives (comme la baisse des prix de l'énergie) qu'à leurs fondamentaux.

Obligations d'état
Tactical_positionning_for_government_bonds
Crédit
Tactical_positionning_for_credit
Actions
Tactical_positionning_for_equities
Liquidités et Or
Tactical_positionning_for_cash_gold
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